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Analyser un Handicap Divisé de Quinté+ : méthode et exemples
Une course de Quinté+ handicap très ouverte : une « loterie »
Dans ce type de Quinté+ à 20 partants (à l'image du Super Handicap du Printemps de ce dimanche 11 mai, Classe 1, réf. +14,5), le peloton est souvent très homogène et les écarts faibles. C'est une course où de nombreux concurrents se tiennent de près sur la distance, ce qui « mettra à rude épreuve la sagacité des parieurs ». Autrement dit, on frôle la loterie : le moindre incident de course ou changement de vitesse peut redistribuer les cartes. Plutôt que de promettre un pronostic infaillible, cette première partie insiste sur le caractère incertain de ce quinté handicap. L’objectif principal de cette course est de repérer des profils intéressants, et non de prétendre prédire l’arrivée. Il faut accepter la part d’aléatoire de ces courses ouvertes, tout en affinant sa méthode de sélection. Et en finalité, réussir à trouver un bonus 3 sera une très belle performance !
Cette grande course de référence +14,5 comporte vingt chevaux de 4 ans et plus (divisés en deux lots). Les spécialistes soulignent que tous les concurrents se tiennent dans un mouchoir sur la distance de 2000 m à Longchamp. Chaque concurrent a ses atouts et ses faiblesses : certains disposent d’un bon poids mais d’un mauvais numéro de corde, d’autres ont un style de course qui peut jouer en leur faveur… L’idée ici n’est pas de présenter un « pronostic du jour », mais d’apprendre à lire la musique d’un cheval dans ces conditions de loterie. En pratique, il convient de ne jamais arrêter son choix sur un seul critère, et de toujours anticiper les aléas du parcours (tirage au sort, état du terrain, course animée ou lente, etc.).

Check-list handicap divisé : 15 critères clés pour faire la différence
Pour aborder un quinté handicap de 20 partants comme celui du 11 mai 2025, voici une méthodologie en 15 points. Chacun est illustré par notre exemple complet du jour. Cette check-list – notre « grille de lecture » – permet de synthétiser les analyses : poids, forme récente, corde, style de course, supplémentation, expérience en grand champ, etc. L’objectif n’est pas de jouer machinalement tous ces critères, mais de repérer les bons profils et de classer les chances d’après ces données objectives (sans oublier la grande part d'incertitude). Bien entendu, on lit la musique d’un cheval de manière globale, en tenant compte de tous ces paramètres.
- La référence & poids officiels : Vérifiez la référence et le poids du cheval par rapport à l’ensemble du lot. Un cheval à « valeur 44,5 » comme MORPHEWAN (n°3) avec une excellente constance en course attire l’attention, car son poids (ici 59 kg) n’est pas excessif et il a déjà performé en Classe 1. À l’inverse, un pensionnaire comme CASAPUEBLO (n°1, réf. 47) arrive dans le handicap avec un « poids de méfiance » élevé (61.5kg) au vu de son palmarès. Dans ce cas, on doit exiger plus d’efforts pour le considérer, d’autant qu’il découvre l’exigence d’un gros handicap. Ainsi, on repère les chevaux qui ont été sur-barrés par le juge, ou au contraire ceux dont la valeur est sous-estimée.
- Le tirage au sort (corde ou numéro de départ) : La position de départ peut faire la différence sur la grande piste de Longchamp (corde à droite). Par exemple, GOOD GIFT (n°2) a hérité de la corde 16 et nombreux pronostiqueurs avertissent : « la corde 16 risque de compliquer sa tâche ». De même, EVERILLO (n°10) partira en corde 5, un « numéro de corde plutôt appréciable». Dans une course aussi ouverte, les chevaux tirés à l’extérieur devront venir de l’arrière ou trouver le passage, ce qui impose un bonus tactique. On préfère généralement les profils qui ont l’habitude de courir à l’extérieur ou d’attaquer de loin, et on rétrograde les chevaux de corde (de rail) à qui on préférait un meilleur numéro. Ce critère de « corde réelle » oriente fortement le choix des candidats.
- Style de course : Repérer si le cheval est un front-runner, un finisseur ou un intermédiaire. Par exemple, MORPHEWAN (n°3) a prouvé qu’il pouvait bien gérer l’effort de front et finir fort – il est décrit comme « véritable modèle de constance » sur ce profil. D’autres, comme TRIBAL CHIEF (n°16), sont plus efficace lorsqu’ils peuvent sprinter en fin de parcours (dernières sorties 2e à Newmarket). Attention aux chevaux très lancés, car un départ rapide peut être pénalisant dans un gros peloton ; à l’inverse, un finisseur devra avoir suffisamment de terrain pour s’exprimer. Lire la musique d’un cheval, c’est savoir où il préfère se positionner dans la course et adapter sa sélection selon le déroulement prévisible.
- Forme récente : Étudier les dernières sorties sur 3-4 courses. Dans ce handicap, les chevaux avec une bonne forme récente ont un avantage psychologique. Exemple : TRIBAL CHIEF (n°16) sort d’une deuxième place à Newmarket (handicap C2) et affiche une forme ascendante. MORPHEWAN, cité plus haut, a enchaîné des performances régulières, à un niveau comparable sur son fil d’arrivée. À l’inverse, un partant comme GAMESTARS (n°6) n’a pas convaincu lors de sa rentrée et a connu des soucis de santé. On privilégiera donc les chevaux en bonnes dispositions (top-trois constants) et avec du rythme, car un cheval trop « froid » ou en méforme sera clairement désavantagé dans une course aussi disputée.
- Mental et régularité : Un cheval expérimenté, serein et sans comportement capricieux est précieux dans ces courses-majors. Un élément comme MORPHEWAN (n°3) démontre une grande régularité mentale – il ne désunit jamais, même s’il ne gagne pas systématiquement. Casapueblo (n°1), qui a été castré récemment, montre lui des progrès de maturité. Au contraire, un cheval non assidu ou qui ne finit pas ses courses inquiète. Par exemple, Good Gift (n°2) semble indiquer qu’il n’a pas montré sa vraie valeur dernièrement, ce qui pourrait être dû à un coup de mou. On remarque aussi la capacité d’un cheval à « encaisser » les sollicitations en peloton. Ce paramètre psychologique reste subjectif, mais l’historique peut donner des indices (chevaux toujours bien placés sans traîner dans l’effort sont préférables).
- Supplémentation effective (surboursement de 6000€) : Un cheval déclaré en supplément a généralement été rajouté pour obtenir sa place, signifiant une confiance de l’entraîneur. Dans notre course, CASAPUEBLO (n°1) et GAMESTARS (n°6) ont été supplémentés (6000€) pour participer. Cela signifie qu’on a choisi de renoncer à d’autres engagements pour ces chevaux ; leurs connections croient en un bon résultat. Ainsi, on notera ces chevaux comme candidats méritant vigilance – mais attention, le supplément n’est pas une garantie de succès. L’exemple de GameStars montre qu’un cheval supplémenté peut décevoir aussi (pas de forme visible). Néanmoins, identifier les chevaux supplémentés (et avec quel palmarès) est un critère important : un supplément peut transformer un top 5 en base solide si le reste concorde.
- Adaptation au profil du parcours : Considérez l’historique du cheval sur le parcours et la configuration (Grande piste, corde à droite, 2000m). Par exemple, MORPHEWAN (n°3) « n’a jamais déçu » sur ce profil de piste, ayant déjà gagné à Chantilly sur distance similaire, et il aime le bon terrain. À l’inverse, TRABUCO (n°4), habitué aux 1600-2000m, pourrait peiner si le terrain est moins souple que prévu (on note qu’il serait "plus compétitif en terrain bien souple"). De même, ORANDI (n°5) arrive d’Irlande où il courait sur 1600m en terrain lourd à bon, puis a pris une place sur 2000m souple à Doncaster (pour 22 partants). On considère donc si le cheval a des références similaires : distance, type de piste (terrain, montée), sens du parcours. Un cheval qui découvre le tracé peut être pénalisé par le manque d’adaptation ou par la densité du trafic.
- Gestion du trafic en peloton : Dans un Quinté à 20, la technique de course est capitale. Certains chevaux cassent mal le peloton ou se retrouvent enfermé. Par exemple, WATCH HIM (n°8) est un cheval de classe mais qui a souvent galopé loin en queue de peloton; dans un gros handicap, il devra faire l’effort de revenir en première position, ce qui n’est pas évident. À l’inverse, CASAPUEBLO (n°1) est décrit comme « un véritable métronome », capable de faire jeu égal en tête de peloton (mais quid de la densité du peloton pour lui). Ainsi, on valorise les chevaux confirmés dans le trafic dense (ceux qui ont déjà couru dans le Quinté ou en champ fourni sans panne) et on se méfie de ceux qui reviennent de trop loin ou qui sont dépendants d’une course limpide. L’adaptabilité aux pelotons nombreux fait partie des critères d’expérience que nous développons.
- Expérience en course de masse : C’est lié au point précédent. Un cheval qui a l’habitude de grandes réunions et de champs abondants conservera son sang-froid. Par exemple, ORANDI (n°5) a fini 3e d’un handicap en Irlande avec 22 partants. Cette familiarité aux grands pelotons est un avantage. À l’opposé, un cheval avec peu de courses ou des lots réduits serait moins fiable. Encore une fois, CASAPUEBLO (n°1) « n’a jamais couru dans un peloton de plus de huit unités… Un énorme regret ». Cela constitue un handicap psychologique: on préférera toujours un cheval rodé aux grands rendez-vous. Mais dans le cas précis de CASAPUEBLO, il est supplémenté et l'entraineur et André Fabre ... un grand mystère.
- Comportement sous pression : Certaines associations chevaux/jockeys deviennent "stressés" ou gênés en cas de grosse mise des parieurs ou de favoritisme. Par exemple, un favori annoncé peut décevoir s’il sent la confiance exagérée. GAMESTARS (n°6), malgré sa surprenante cote basse en début de journée, reste incertain (malgré supplément). En général, on observe la fiabilité d’un cheval lorsqu’il est amené à garder la tête sous les francs favoris ou à batailler dans la partie ferme de la course. Un cheval au mental solide ne s’affole pas dans les remises en selle ou les passations de relais. Ce critère reste très subjectif, mais on peut le jauger via l’historique : chevaux qui finissent leurs courses calmement, ou qui n’ont pas de coup de sang ou refus au départ.
- Profil du terrain (état du gazon) : Même si les conditions indiquent "Terrain : Bon souple", il est bon de vérifier quels chevaux préfèrent ce terrain. PAR exemple MORPHEWAN (n°3) aime le bon terrain, ce qui est cohérent. WATCH HIM (n°8) avait montré une bonne tenue sur le sable en terrain lourd, ce qui peut l’avantager si la piste venait à durcir. On vérifie souvent les « écarts » : des chevaux qui performent spécialement sur bon/souple ou sur souple/lourd. Cette adaptation n'est pas neutre dans des Quintés loterie, car un cheval qui déteste une météo ou un terrain va perdre toute chance. Ainsi, on valorise les courses gagnées ou placées sur le même profil (longchamp +2000m + corde à droite, ou au moins type de terrain similaire).
- Finisseur ou tenue en fin de parcours : Dans une course tactique, certains chevaux sortent du lot en ayant un meilleur « finish ». Si la course s’annonce rythmée, un bon finisseur aura un avantage. Par exemple, TRIBAL CHIEF (n°16) a montré qu’il peut accélérer fort en fin de course (2e à Newmarket derrière Bullet Point). Ce paramètre est lié au style, mais ici on met l’accent sur l’efficacité du final. Un chronomètre sur les dernières 400 m, ou les "écarts placés" (GB : une donnée en cotes Galop) peuvent être évoqués : un cheval qui "vole la place" quand d'autres meurent finira plus haut. Ce critère illustre l’importance de regarder qui a le plus de gaz à l’arrivée dans les vidéos ou l’historique.
- Relations entraîneur/jockey : Dans les gros handicaps, un top jockey ou un entraîneur habitué à gagner de telles courses peut influer. Par exemple, CASAPUEBLO (n°1) est monté par Alexis Pouchin et entraîné par André Fabre, duo de qualité. MORPHEWAN (n°3) est monté par M. Barzalona, un pilote régulier dans ces courses. On regarde également les entraîneurs qui ont déjà brillé en Quinté. Un A. Suborics (ZORA n°13) ou un J.C. Rouget (PARTENIT n°11) peuvent avoir des atouts stratégiques. Ce critère reste secondaire, mais il joue lorsqu’il s’agit de choix fins (par exemple, un cheval équivalent en valeur peut être jugé meilleur s’il a une paire jockey/entraîneur plus expérimentée en Quinté).
- Coefficient de compétitivité : De façon transversale, on jette un œil aux cotes et aux enjeux PMU. Dans notre exemple, les favoris du matin (Casapueblo, Tribal Chief, Hypercore, Everillo, Morphewan) ont absorbé près de 50% des enjeux. Cela veut dire que le marché voit plusieurs concurrents crédibles. Un bon turfiste profitera de cette information : s’il croit à un cheval noté outsider par le public mais qui cocherait plusieurs critères précédents, c’est un bon candidat contre leur pari. À l’inverse, lorsqu’un cheval est massivement soutenu, cela peut indiquer une forme connue du grand public qu’il faut vérifier. Sans sombrer dans le sensationnel du « contre tous » systématique, cette lecture des paris nous aide à ajuster notre jugement final.
- Type de course : 1re épreuve d’un handicap divisé (Classe 1, réf. +14,5) : Il s’agit ici de la première épreuve d’un handicap divisé, ce qui signifie que l’on retrouve les meilleurs chevaux sur la foi des valeurs attribuées. Le fait qu’il s’agisse d’une Classe 1 avec une référence élevée (+14,5) implique que l’ensemble du peloton est compétitif, et que le juge handicap a « monté » la valeur pour équilibrer l’épreuve. Un point d’analyse est donc de comparer les valeurs de référence précédentes pour ces mêmes chevaux – Si un cheval courait récemment dans une course similaire avec une réf. inférieure (+12,0, +13,0…), et qu’il a bien figuré, alors il est probablement très compétitif ici. – À l’inverse, si un cheval a déjà montré ses limites dans un handicap à référence égale ou plus favorable, on peut le considérer comme surclassé. Ce jeu de comparaison verticale entre les valeurs des courses précédentes (réf., valeur attribuée, poids) est déterminant pour affiner une sélection réaliste dans ce type de Quinté+ où les différences se jouent à 1 kg près.
En conclusion, chaque critère pèse dans la balance, mais aucun ne doit être utilisé isolément. La méthode consiste à attribuer, en tant que turfiste expérimenté, des mérites à chaque cheval selon ces points de la check-list. Par exemple, MORPHEWAN (n°3) sort très bien avec la plupart de ces critères (bonne valeur, adaptabilité à la piste, régularité) ce qui le place haut dans la hiérarchie de notre analyse. Inversement, un cheval comme EVERILLO (n°10) sera pénalisé par son mauvais numéro de corde et ses doutes sur la sortie récente. L’objectif est de « repérer les bons profils dans un quinté de 20 partants » en faisant fi du caractère hasardeux de l’épreuve. Cette méthode pédagogique permet d’« analyser un quinté handicap » de manière rigoureuse et « lire la musique » de chaque concurrent, même dans une « course loterie » où il faut toujours ménager ses attentes.
Pronostic pour notre exemple
Après analyse approfondie des critères, voici la sélection type pour ce Quinté+ :
- MORPHEWAN (n°3) - Profil complet, régularité et adaptabilité
- TRIBAL CHIEF (n°16) - Bon finisseur, forme ascendante
- CASAPUEBLO (n°1) - Malgré son poids, qualité intrinsèque et duo jockey/entraîneur et parce qu'il est supplémenté
- ORANDI (n°5) - Expérience en grand champ, poids intéressant
- VILLA DES ARTS (n°19) - Léger, pourrait surprendre
- SAINT ETIENNE(n°9) - Pour le côté tactique, malgré un numéro de corde infect
- PARTENIT (n°11) - celui qui a le meilleur compromis sur la balance
- RUSSIPANT FAL (n°18) - Parce que ces performances dans le golfe ont été exécrables
Ce qui nous donne un pronostic en champ réduit flexi à 25% (ticket à 10€)
X - 5 - 11 - X - 1 / 3 - 9 - 16 - 18 - 19
Rappel : dans un tel handicap, les surprises sont fréquentes. Ce pronostic vise à identifier les meilleurs profils plutôt qu'à prédire l'ordre exact d'arrivée.
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